Est-il acceptable de prescrire un placebo ?

Par zeteditor
gélules d'huile de poisson

«L’homéopathie n’a pas fait la preuve de son efficacité au-delà de l’effet placebo ou des effets contextuels, mais au moins a-t-elle une action équivalente à ceux-ci donc elle n’est pas ‘sans effet’».
Cet argument est régulièrement avancé pour justifier la prescription de celle-ci, au prétexte de moindre toxicité, de moindre coût, de choix du propriétaire et d’autres motifs encore. Pour nous, si cet argument est pertinent et recevable, il n’est pas fondé.

Deux cas de figure possibles :

Il existe un traitement qui a montré être plus efficace que les effets contextuels.

Il est inacceptable alors de proposer le placebo, c’est une perte de chance.

Il n’existe pas de tel traitement.

On pourrait alors dire que dans ce cas là, il serait acceptable de prescrire un placebo. Nous estimons que ce n’est pas le cas pour plusieurs raisons.

  • Nous ne pensons pas qu’il faille habituer les gens à la pilule miracle : il vaut mieux rentrer dans une pratique de déprescription médicamenteuse.
  • Comment choisir quelle pseudo médecine est acceptable et quelle autre ne l’est pas ? Selon ce principe, alors il faut accepter les pratiques chamaniques, la communication animale, la képhrénologie. Au nom de quoi les réfuterions-nous, si on admet la pratique de prescription de l’effet placebo ?
  • Cette pratique peut amener certains clients à accorder plus de confiance aux pseudo-médecines et détourner ceux-ci d’une thérapeutique efficace le jour où leur animal en aura besoin (Le sondage ODOXA de janvier 2019 montre chez l’humain que 28% des patients refusent un traitement pour le remplacer par de l’homéopathie ou une autre médecine alternative).
  • Il est peu probable que l’animal possède les fonctions cognitives suffisantes pour espérer une guérison suite à la prise d’un placebo. On perd donc l’effet pyschophysiologique espéré chez l’Homme.

 

médecin prescrivant tube en disant si vous en guérissez c'est que vous n'êtes pas malade.

Ceci ne veut pas dire qu’on doit ignorer les effets contextuels. En effet ceux-ci interviennent aussi lors de traitements ayant fait leurs preuves et si nous pouvions avoir une connaissance et une maîtrise de tout ou partie de ces effets, nous ne pourrions qu’améliorer la prise en charge de nos patients. C’est un axe de développement de la recherche clinique vétérinaire que nous devons appeler de nos voeux.

Crédit photo : Image de titre de Monfocus