Scepticisme et homéopathie

Par zeteditor
Scepticisme et homéopathie

… quelques-unes des raisons.

Traduit de l’anglais, à partir de l’article « Scepticism about homeopathy… some of the reasons » du blog intitulé Rational Veterinary Medicine, https://rationalvetmed.net/ L’auteur* y développe les raisons principales qui amènent à développer un scepticisme rationnel vis à vis de l’homéopathie. Un complément de l’article de revue « Comparaison entre médicaments vétérinaires et homéopathie vétérinaire : partie 1 et partie 2 ».

Lien vers l’article original : https://rationalvetmed.net/scepticism-about-homeopathy/

*L’auteur a co-écrit un livre “No Way to Treat a Friend: Lifting the Lid on Complementary and Alternative Veterinary Medicine (Evidence Based Science)” (Lien vers Amazon.uk)

Préface :

À l’origine, cet article a été commandé par un groupe d’homéopathes, afin de l’intégrer dans leur littérature comme élément contrepoids. Quatorze mois après la soumission de son travail ainsi accompli et malgré des demandes répétées, l’auteur n’avait toujours pas de nouvelles de ce groupe ou de leur intention d’utiliser ou non l’article. Compte tenu du temps passé à l’écrire, l’auteur a décidé de le poster sur son blog plutôt que de le laisser croupir au fond de son disque dur.

Introduction :

Il existe bien des raisons expliquant que la grande majorité de la communauté scientifique reste sceptique à propos de l’homéopathie. La plupart ont fait l’objet de livres, d’articles et de publications en ligne depuis que l’homéopathie a été conçue par Samuel Hahnemann, il y a maintenant plus de 200 ans. Ce billet explorera brièvement certains des arguments actuellement les plus fréquemment rencontrés et discutera les objections majeures à l’encontre de l’homéopathie comme pratique médicale valide.

Les mécanismes d’action :

Un point qui reçoit une attention disproportionnée de la part des commentateurs est l’ensemble des principes, mécanismes et lois d’action de l’homéopathie.

Les dilutions extrêmes, malgré leur position prééminente dans le débat, ne sont qu’un des divers soucis qu’ont les sceptiques avec les principes de l’homéopathie, soucis qui ne changeraient pas d’ailleurs, même si des « principes actifs » étaient encore détectables matériellement dans les remèdes homéopathiques. Les critères à partir desquels chaque ingrédient est sélectionné, sa capacité à transmettre ses caractéristiques pharmacologiques à la préparation et par extension au patient, ainsi que le potentiel de ces caractéristiques à combattre des symptômes et à guérir la maladie… Tous ces aspects posent des problèmes d’incohérences et d’invraisemblances qui défient la compréhension actuelle qu’on peut avoir de la médecine et de la science en général.

Symboles et signatures : Les homéopathes affirment que certaines propriétés des principes actifs sont transférées à la préparation lors du processus de fabrication. Le pourquoi et le comment de ce procédé posent de grandes difficultés pour la crédibilité générale de l’homéopathie.

Un précepte de base de l’homéopathie est la « Théorie des Signatures » (Saxton and Gregory, 2005, p. 2) (sic. « La théorie des signatures ou principe de signature est un mode de compréhension du monde dans lequel l’apparence des créatures, principalement des végétaux, est censée révéler leur usage et leur fonction. Elle s’applique surtout aux plantes médicinales, en vertu de leurs pouvoirs thérapeutiques. » Wikipedia, Théorie des signatures). Par exemple, le pissenlit est considéré comme efficace en cas de jaunisse en vertu de sa couleur jaune et ce, que la médecine conventionnelle lui reconnaisse des propriétés thérapeutiques ou non. Un autre exemple : la corne de rhinocéros en médecine chinoise pour la libido de l’homme en vertu de sa forme. En homéopathie, on peut prendre comme exemple Apis mellifica, une préparation diluée d’abeilles qui, quand on l’avale, est censée traiter des symptômes de brûlure, démangeaisons et gonflement comme on peut en observer lors de piqûre d’abeille. On a montré (c’est-à-dire qu’on l’a testé sur un humain volontaire) qu’un remède dérivé de la plume du faucon pèlerin induit le désir de tournoyer dans le vent tel un rapace et cause des rêves de viande crue. Un remède fabriqué à partir de Chelidonium majus, une plante produisant un jus de couleur jaune, aurait une affinité pour le foie et pourrait être utile en cas d’ictère. Aucune logique classique ne permet pourtant ce raisonnement prétendant que les caractéristiques physiques d’un être vivant ou d’une substance (forme, couleur, comportement etc) détermineraient son efficacité thérapeutique.

Le principe de similitude : en homéopathie, on considère que les substances causant des symptômes chez une personne saine peuvent guérir les maladies qui causent ces mêmes symptômes.

Si on admet sans difficulté que ces substances puissent effectivement produire une certaine variété de symptômes, en les distinguant d’autres sensations indépendamment ressenties par le patient, la question qui suit est : quel(s) mécanisme(s) expliquerai(en)t que ces substances permettent de traiter ces mêmes symptômes chez une personne malade ? Même si Apis mellifica entraîne un gonflement et des sensations de brûlure ou de démangeaisons chez un patient sain, pourquoi serait-il logique de penser qu’elle soulagerait ces mêmes signes cliniques chez un malade ? Pourquoi un homéopathe passerait tant de temps à démêler l’ensemble des symptômes de son patient pour y trouver un « simillimum », le remède qui correspond le mieux à ces symptômes ?

Plusieurs analogies peuvent être proposées : le remède est décrit comme complémentaire des symptômes du patient, comme une clé et sa serrure. Quant aux mécanismes, pour donner quelques exemples, il s’agirait de combler des « trous » dans le patient à des niveaux moléculaires, quantiques ou énergétiques, de rééquilibrer les champs électromagnétiques du malade, de restaurer sa « force vitale » ou de stimuler son système immunitaire. Mais malgré toutes ces allégations métaphoriques ou spéculatives, rien n’a encore été démontré. En fait, il n’y a aucune raison de croire que ces substances qui produisent des symptômes chez le sujet sain pourraient d’une manière ou d’une autre « neutraliser » ces symptômes chez le malade.

Le principe des hautes dilutions : pour les homéopathes, plus un remède est dilué, plus il est efficace.

De nos jours, toute personne qui aura étudié le sujet, même superficiellement, admettra que dans la plupart des produits homéopathiques, on ne retrouve plus rien des ingrédients originaux. On trouve des dizaines de démonstrations indiquant que ces dilutions extrêmes représentent une quantité d’eau contenue dans des récipients plus grands que l’univers observable et montrant que, scientifiquement, les remèdes homéopathiques sont indiscernables des diluants utilisés pour leur fabrication. Pourtant, les homéopathes soutiennent que ces remèdes sont non seulement efficaces, mais qu’ils le sont d’autant plus qu’ils sont dilués.

On a spéculé autour de mécanismes possibles expliquant une « mémoire » de l’eau, en incluant au fur et à mesure des années, la force spirituelle, l’électricité, les « trous » moléculaires, les vibrations moléculaires, l’agglutination des molécules d’eau (un phénomène bien réel mais qui ne dure que quelques nanosecondes), la spallation (sic. « La spallation nucléaire est une réaction nucléaire au cours de laquelle un noyau atomique est frappé par une particule incidente ou une onde électromagnétique de grande énergie. Sous la violence de l’impact, le noyau cible se décompose en produisant des jets de particules plus légères. » Wikipedia, Spallation), les prétendues « nano-bulles », la théorie du chaos et bien sûr, la plus populaire, la physique quantique. Et comme pour le principe de similitude, aucune de ces spéculations n’a jamais été démontrée. De plus, parmi toutes ces hypothèses, aucune n’a jamais suggéré réellement comment et par quel mécanisme les substances deviendraient plus puissantes en suivant des dilutions croissantes, comme on nous l’affirme.

Si l’on admet l’idée que l’eau a une mémoire, alors qu’en est-il des dilutions faites avec d’autres solutions ? Une mémoire de l’alcool et du lactose a aussi été proposée. Par ailleurs, comment se fait-il que la mémoire de l’eau soit ainsi sélective, en ne gardant que l’empreinte des ingrédients choisis et pas celle des contaminants ? Si on la compare avec les dilutions employées pour les produits homéopathiques, la moindre impureté, même si on parle d’une seule molécule perdue au milieu de millions de litres, représente tout de même un niveau de contamination gigantesque. Pourquoi, dans ce cas, lors des phases de dilutions successives et d’agitation, l’eau garde-t-elle la marque de l’abeille par exemple, mais pas celle du verre, du métal ou du plastique inévitablement présents à son contact ?

Le transfert d’énergie : mettons ces objections de côté, d’autres questions peuvent être soulevées. Comment les propriétés du « principe actif » sont-elles traduites en puissance ou en énergie et comment ces dernières sont-elles transférées de la plante par exemple, à l’eau utilisée pour la diluer ? Comment cette essence est-elle transmise de dilution en dilution sans transporteur chimique ou biologique ou sans propriété connue de l’eau autorisant une telle persistance de l’information ? Comment cette énergie passe-t-elle finalement au patient ou au testeur ? À nouveau : beaucoup d’hypothèses, mais aucune explication convaincante.

Mes doutes ne s’arrêtent pas là. Je souhaite attirer votre attention sur la pratique de la « greffe » communément utilisée pour préparer les granules homéopathiques. Comment explique-t-on que les propriétés d’un remède liquide se transmettent à une bouteille entière de billes de lactose, sèches et inertes, en y instillant une goutte de ce liquide ou une unique bille « potentialisée » ? Ensuite, en acceptant le principe de la « greffe », c’est-à-dire qu’on arriverait effectivement à faire passer un signal quelconque entre un liquide et des granules ; pourquoi ne pourrait-on pas alors isoler ce signal et en imprégner des supports électroniques (Benveniste, 1998) à partir desquels on pourrait le transférer sur un CD ou un distributeur de traitements comme la E-Lybra ou une faiseuse de remède à commande vocale ou même transmettre ce signal via un message téléphonique ou un mail ?

À ce stade, de nombreux homéopathes « classiques » considéreront tout de même que de tels exemples, ainsi que d’autres, plus ésotériques, comme les produits homéopathiques à base d’antimatière ou de lumière provenant de Vénus, les méthodes méditatives (qui n’impliquent pas l’administration d’une substance) ou les produits fabriqués en écrivant la liste des spécifications sur un papier qu’on place près d’un contenant rempli d’eau et qui devient alors le remède désiré ; tous ces exemples, donc, sont trop irréalistes pour être pris au sérieux.

Il ne suffit pas d’un simple raisonnement par l’absurde cependant et ces « nouvelles idées absurdes que seuls des fanatiques de secte religieuse adopteraient » (Vithoulkas, 2008) ne peuvent être rejetées si facilement. Pour les praticiens homéopathes qui emploient de telles méthodes, ils le font avec la même conviction et la même sincérité que les homéopathes « classiques » quand ils utilisent Apis mellifica. Pour le critique, de même, elles ne sont pas plus ou moins vraisemblables que la doctrine des signatures ou les principes de similitude ou des hautes dilutions, tels que décrits plus haut. Comment un observateur objectif peut-il déterminer si un traitement basé sur une abeille morte est plus ou moins crédible qu’un traitement basé sur le clair de lune ?

Mordre à l’hameçon : quand un sceptique conteste les mécanismes peu orthodoxes de l’homéopathie, il mord en quelque sorte à l’hameçon et laisse la porte ouverte à la contre-argumentation consistant à dire qu’il en fait un sujet purement théorique en ignorant les applications cliniques de l’homéopathie et tente ainsi de « condamner toute la discipline d’emblée » (Saxton and Gregory, 2005, p14) uniquement sur la base d’un « argument d’incrédulité ». (sic. Sophisme par lequel on considère que quelque chose est faux parce qu’on a du mal à le comprendre ou qu’on ne sait pas comment il fonctionne.)

Néanmoins, il ne suffit pas pour les partisans de l’homéopathie de rejeter ces objections, ad hominem, comme étant des critiques émises par des esprits étroits à la mentalité newtonienne ou sujets à des intérêts personnels ou autre accusation quelle qu’elle soit. Bien qu’ils ne soient pas l’unique raison du rejet de l’homéopathie par les commentateurs sceptiques, le caractère invraisemblable de ses principes et leurs incohérences manifestes avec des vrais principes bien établis par la science constituent un écueil majeur que les défenseurs de l’homéopathie se doivent de prendre au sérieux.

S’ils veulent que l’homéopathie soit considérée comme une médecine scientifique plutôt que comme un simple dogme et s’ils souhaitent convaincre la communauté que c’est bien l’homéopathie qui produit des résultats et non les nombreuses autres explications plus plausibles (coïncidence, erreur de diagnostic, guérison spontanée, régression à la moyenne etc.), alors toute preuve dans ce sens doit être particulièrement solide (plus solide que pour un nouvel antibiotique par exemple).

Ce n’est pas seulement par entêtement ou préjugé, mais à cause du « principe du rasoir d’Ockham ». Ce principe est particulièrement pertinent et pas seulement en science, mais aussi dans la vie de tous les jours. Il est décrit de manière éloquente dans un article de Sehon et Stanley (2010). Pour le dire simplement, il énonce que « considérant deux hypothèses, il est déraisonnable de favoriser celle qui introduit plus de mystères inexpliqués » [qu’elle n’en résout, sic.]. Si vous êtes intéressé par une réflexion sérieuse sur les raisons pour lesquelles la science a été jusqu’ici incapable de prendre l’homéopathie au sérieux, alors une lecture attentive de cet article est un excellent point de départ.

Un autre commentateur du même sujet spécifie : « Les principes de parcimonie et du rasoir d’Ockham arbitrent la relation épistémique entre les hypothèses et les observations. Peut-être ces principes sont-ils capables d’en faire autant parce qu’ils sont les substituts d’une théorie de la confirmation empirique… Une fois que cette théorie sera abordée ouvertement, le principe de parcimonie sera complètement superflu. » (Sober, 2009, p. 739).

En d’autres termes, tant que l’homéopathie est incapable de démontrer ses mécanismes sous-jacents de manière convaincante et en termes pratiques et pertinents, compte tenu de l’invraisemblance de ses fondements tels que décrits à ce jour, le rasoir d’Ockham établira toujours que l’hypothèse selon laquelle les résultats observés sont dus (plutôt que simplement corrélés à) la pratique homéopathique reste invraisemblable. Il y aura toujours une autre explication « conventionnelle » convenant mieux à ces résultats.

Ainsi, pour continuer avec notre exemple favori, Apis mellifica, un patient avec un prurit persistant et un gonflement qui guérit l’a certainement fait à la suite de mécanismes banals et bien connus (les actions de son système immunitaire, une hygiène optimisée, des médicaments ou simplement l’évolution naturelle de la maladie) plutôt que par le biais d’un remède qui implique pour agir que l’on soit capable de transmettre certaines propriétés d’une abeille vivante via une solution dépourvue de tout contenu actif dans un granule de lactose, puis dans le corps du patient où elles vont interagir favorablement par des moyens inconnus pour guérir un ensemble spécifique de symptômes. Je ne dis pas que c’est la preuve que Apis mellifica n’a pas causé l’amélioration, mais plutôt qu’il y a d’autres explications plus parcimonieuses du fait qu’elles ne requièrent pas d’autres « hypothèses mystérieuses et inexpliquées » (Sehon and Stanley, 2010).

L’utilisation de la preuve :

Malgré leur nature peu orthodoxe, les principes fondateurs de l’homéopathie ne sont pas le principal problème des sceptiques. Dans une certaine mesure, il est justifié de critiquer ceux qui reprochent exclusivement à cette pratique son improbable mode d’action (cf. les arguments vus plus haut). Après tout, le monde médical est truffé d’exemples de traitements utilisés communément malgré notre méconnaissance préalable de leurs mécanismes d’action ou qui ont fait face dans un premier temps au scepticisme de la communauté. Néanmoins, les sceptiques auraient quant à eux raison de souligner le fait qu’il existe également bon nombre de pratiques dont on ne comprenait pas les mécanismes, que les sceptiques ont rejetées et auxquelles les praticiens croyaient autant que les homéopathes aujourd’hui croient à l’homéopathie, et qui ont depuis été discréditées.

Ainsi, c’est l’attitude de l’homéopathie envers la notion de preuve, scientifique et clinique, qui préoccupe le plus les critiques de cette pratique. Des commentaires d’homéopathes tels que « la seule raison pour laquelle on fait des études cliniques sur des produits homéopathiques, c’est pour démontrer l’efficacité de la méthode homéopathique aux allopathes », leurs résultats étant d’un « intérêt nul » pour les homéopathes eux-mêmes (Coulter, 1980, p. 155) ; « le test ultime pour un système thérapeutique est un patient guéri » (Saxton and Gregory, 2005, p24) ou encore « tous les essais croisés versus placebo du monde ne suffiront pas à me convaincre que les effets de l’homéopathie, que j’observe quotidiennement en pratique, sont un fantasme » (Gregory, 2003) : tous suggèrent que les homéopathes sont persuadés a priori de l’efficacité de leur pratique et pensent que le but des études cliniques n’est pas de tester l’efficacité de l’homéopathie mais de la prouver. Dans tous les cas, il semble que l’expérience personnelle et la pratique l’emportent sur n’importe quel résultat de recherche. Pour citer le directeur clinicien de l’Hôpital Royal de Londres pour une Médecine Intégrative : « [Les études randomisées contrôlées] ont très peu de chances de refléter les bénéfices de l’homéopathie. » (Fisher and Scott, 2001).

L’expérience personnelle, en revanche, est subjective et est une des méthodes les moins fiables pour évaluer l’efficacité d’un traitement. Le but principal de la méthode scientifique est d’éliminer les erreurs de raisonnement telles que les biais cognitifs et le simple « besoin de croire ». Pourtant, l’homéopathie, tout en se prétendant basée sur la science, favorise des « preuves » dont les sources garantissent pratiquement ce type d’erreurs (enquêtes de satisfaction auprès des patients et expérience clinique). Il ne s’agit pas de remettre en doute l’intelligence de qui que ce soit, mais de dire que nous sommes tous humains, et donc faillibles.

Cliniquement aussi, il apparaît à l’observateur neutre qu’il n’y a que peu voire pas de résultats qui pourraient convaincre les homéopathes que leur pratique est inefficace. Une palette de phénomènes présumés tels que les obstacles à la guérison, les influences miasmatiques et l’aggravation sont tous des moyens de rationaliser tout changement dans le statut du patient, qu’il s’améliore ou se détériore, afin de valider l’homéopathie.

C’est la somme de ces comportements et l’absence apparente de résultats en clinique ou en recherche capables de faire douter les homéopathes du bien-fondé de leur discipline, qui a mené de nombreux détracteurs à accuser l’homéopathie d’irréfutabilité.

La réfutabilité est un principe fondamental en science qui indique qu’une hypothèse, pour qu’on lui prête du crédit, doit être intrinsèquement réfutable avant qu’on l’accepte comme preuve scientifique (Shuttleworth, 2008). En d’autres termes, si on ne peut pas réfuter quelque chose, on ne peut pas tester ce quelque chose, ce qui le rend en substance non scientifique. L’attitude assumée des homéopathes vis-à-vis des études scientifiques montre bien que l’hypothèse « l’homéopathie est efficace » a quitté le domaine de la science pour celui de l’idéologie. C’est pourquoi beaucoup de ses détracteurs la considère comme « hors-jeu » du point de vue scientifique.

Conclusion :

La science ne prétend pas être parfaite ou tout savoir. Ce qu’elle fait cependant très bien, c’est tester des affirmations pour voir si elles s’avèrent correctes. La science est autocorrective sur le long terme ; ainsi, les erreurs inévitables qui peuvent se produire (puisque les scientifiques sont des humains, donc sont faillibles) seront en fin de compte corrigées afin d’améliorer le corpus de nos connaissances. La nature évolutive des sciences telles que la médecine est un témoignage de la capacité du système à s’adapter et même abandonner certaines conclusions devant de nouvelles preuves. Mais s’il y a bien une chose que les partisans de quelque pratique que ce soit qui prétendent s’appuyer sur la science doivent être préparés à faire, c’est changer d’avis quand les faits le justifient. Jusqu’à présent, quand bien même ses défenseurs suggèreraient l’inverse et quelles que soient les découvertes qui seront peut-être faites un jour (ou pas), la somme de nos connaissances scientifiques permet d’affirmer que l’efficacité de l’homéopathie n’a pas été éprouvée et que les produits homéopathiques ne font pas mieux qu’un placebo.

Références :

Benveniste, J. (1998) Understanding Digital Biology, DigiBio [Online]. Available at http://web.archive.org/web/20030604021451/digibio.com/cgi-bin/node.pl?nd=n3 (Accessed 26 January 2011).

Coulter, H.L. (1980) Homoeopathic Science and Modern Medicine, Berkeley, North Atlantic Books/Homeopathic Educational Services. [Texte complet]

Fisher, P. and Scott, D.L. (2001) ‘A randomized controlled trial of homeopathy in rheumatoid arthritis’, Rheumatology, vol. 40, pp. 1052–1055. [PubMed][Texte complet]

Gregory, P. (2003) ‘Homoeopathy “doesn’t need proof”’ (letter), Veterinary Times, vol. 33, no. 22, pp. 7–8 . [Texte Complet]

Saxton, J. and Gregory, P. (2005) Textbook of Veterinary Homeopathy, Beaconsfield, Beaconsfield Publishers Ltd. [Google Scholar]

Sehon, S. and Stanley, D. (2010) ‘Evidence and simplicity: why we should reject homeopathy’, Journal of Evaluation in Clinical Practice, vol. 16, no. 2, pp 276–281. [Texte complet ]

Shuttleworth, M. (2008) Falsifiability, Experiment Resources [Online]. Available at http://www.experiment-resources.com/falsifiability.html (Accessed 26 January 2011).

Sober, E. (1992) ‘Simplicity’, in Dancy, J. and Sosa, E. (eds) A Companion to Epistemology, Oxford, Blackwell Publishers Ltd., pp. 477–478. [Texte Complet]

Vithoulkas, G. (2008) ‘British media attacks on homeopathy: Are they justified?’, Homeopathy, vol. 97, pp 103–106. [PMC Full Text]

Crédit photo : Jean-Pierre Dalbéra