Inversion de l’hypothèse nulle

Par zeteditor
corbeau noir

On a vu dans le billet « C’est quoi un petit p ? » ce qu’était l’hypothèse nulle. On a vu aussi dans l’un des exemples donnés que cette hypothèse nulle ne devait pas être choisie n’importe comment. Au risque de faire une inversion de charge de la preuve c’est à dire une « inversion de l’hypothèse nulle ».

En médecine par défaut tout est faux, donc l’hypothèse nulle H0, c’est l’hypothèse où un “truc” est faux et ce sont les preuves qui me permettront de conclure si l’hypothèse alternative H1 est vraie en rejetant H0. Par exemple H0, ça pourrait être « ces deux traitements sont équivalents » ou bien « la guéritoumycine® ne fonctionne pas sur les maladies respiratoires infectieuses bactériennes des bovins ».

Donc si quelqu’un me dit « il existe des corbeaux blancs et prouve-moi qu’ils n’existent pas ! », il s’agit d’une inversion de la charge de la preuve. J’aurai beau retourner la Terre entière pour montrer qu’il n’y a pas de corbeau blanc, que je n’en ai pas trouvé, ce quelqu’un me répondra « c’est parce que tu n’as pas bien cherché ». Il m’est impossible de prouver que les corbeaux blancs n’existent pas. Par contre, celui qui l’affirme peut assez facilement le faire : il suffit qu’il apporte deux corbeaux blancs (Ben oui deux puisque l’affirmation c’est il existe DES corbeaux… 😉 ). Il y a bien au départ une inversion de la charge de la preuve.

De manière formelle, on peut exprimer le problème de la manière suivante : l’hypothèse H0 c’est « il existe des corbeaux blancs » et l’hypothèse alternative H1 est « l’absence de corbeaux blancs ». Aucune preuve ne pourra être assez solide pour rejeter H0 avec une p-valeur acceptable. On comprend que c’est conceptuellement impossible. L’inverse au contraire est assez facile : on a inversé l’hypothèse nulle.

Et c’est grave?

Ben oui parce que c’est la porte ouverte à n’importe quelle assertion.

  • Les grigris soignent la gale sarcoptique.
  • C’est prouvé çà ?
  • En tout cas on n’a jamais démontré le contraire…

Absurde, n’est-ce pas? Et en plus se pose le problème de la démonstration de l’inexistence d’une chose. C’est quasi-impossible.

Donc en médecine, par principe tout est faux ou équivalent, et c’est en rejetant cette affirmation à l’aide de preuves qu’on démontre l’existence d’un fait, d’un mécanisme, etc. Cependant attention : toutes les preuves ne sont pas équivalentes en terme de robustesse.

L’explication en vidéo

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Crédit photo : Jérôme Chantreau